Le chevalier
Un homme, un royaume, un destin.Il avait nom Lorn Askariàn. Certains disent que le malheur arriva par lui et d’autres qu’il fut celui par qui tout fut sauvé. Dans ses veines coulait le sang noir des héros condamnés.
Présenté comme ça, ce roman semble avoir tout pour plaire. L’auteur nous avait déjà enchantés par ses Lames du Cardinal. Ce nouveau récit d’un homme, entre figure d’espoir et de vengeance, ambigu par son altruisme et ses désirs cachés, peut recéler quelques très belles surprises. Alors, vivement la sortie de ce Chevalier servant un non moins mystérieux trône d’Onyx…
I.
¶19 C’est dire que le caractère inachevé de cette œuvre ne nuit en rien à sa grandeur. Bien entendu, on peut toujours imaginer qu’il en soit venu à bout. Mais ce n’est pas à la même œuvre que nous aurions alors affaire. Pour des raisons évidentes, bien entendu, mais aussi pour deux raisons que je voudrais indiquer en terminant. La première tient à ce qui est tenté dans cette partie qui le plaçait devant des choix impossibles, et qui se concentre dans deux chapitres concurrents : « Le voyage au paradis », où l’histoire d’amour du frère et de la sœur s’achève dans l’inceste et dans le drame, avec la guerre comme issue ; « Les conversations sacrées », dominées par une heureuse tension inachevée et inachevable. C’est là que le roman atteint un point culminant qui en interdit l’achèvement et qui s’ouvre sur une prolifération comparable aux sentiers qui bifurquent de Borgès, comme Italo Calvino l’a bien indiqué dans ses Leçons américaines.
À côté de cela, Guilford Law est régulièrement visité par un compagnon indésirable, un mystérieux jumeau qui semble avoir vécu -et être mort- sur une Terre alternative, non affectée par les changements dus au Miracle. Lors de cette première apparition, ce personnage lui apparaît en rêve, se présentant comme une « sentinelle », pour lui délivrer un message : la Darwinie ne serait pas ce qu’elle semble être et lui-même ne serait pas qui il croit être.